Interview | 27/04/2017

«Changer est un véritable défi.»

Interview d'Armin Grunwald

Que pensez-vous des risques associés à la transition énergétique du point de vue de notre dépendance à l’électricité?

C’est un dilemme. Jusqu’à présent, le système résiste bien aux arrêts des centrales nucléaires, mais la pression est bien plus grande qu’auparavant et les exploitants des réseaux sont contraints d’intervenir plus souvent pour maintenir la stabilité. La transition énergétique étant bien avancée, nous devons tenir compte des conséquences que cela implique et trouver des solutions de maintien de la stabilité sur le plan organisationnel. Des activités de recherche et de développement sont demandées à de nombreux niveaux – nouveaux systèmes techniques, nouveaux modèles d’organisation et répartition des responsabilités.

Quels sont les différents moyens de stabiliser le système?

La principale problématique concerne la fluctuation des sources d’énergie. Le système doit être structuré de manière à disposer de la quantité exacte d’énergie nécessaire. Il doit donc globalement être développé afin d’atténuer le risque d’absence de vent et de soleil partout et en même temps. Pour cela, il nous faut cependant des systèmes permettant de transporter l’énergie rapidement, par ex. entre l’Europe du nord et l’Europe du sud. Il est également nécessaire d’installer de puissants systèmes de stockage capables d’accumuler de grandes quantités d’énergie. Ces systèmes ne sont malheureusement pas encore disponibles. Il existe par ailleurs des projets de Demand-Side-Management, autrement dit des projets de flexibilisation et de gestion ciblée de la demande d’électricité pour réagir à la fluctuation des quantités de courant injecté. Il est également important d’avoir des îlots dans le système
qui peuvent être maintenus stables en cas de problème ou qui peuvent redémarrer rapidement après un blackout. Cela permet de fournir des services centraux aux environnements concernés.

Quel est le rôle de la mobilité électrique dans ce contexte?

La mobilité électrique est une composante importante de la transition énergétique. Actuellement, elle ne joue encore aucun rôle, mais si le nombre de véhicules électriques sur la route augmente, les besoins en électricité vont monter en flèche et garantir la sécurité de l’alimentation sera encore plus délicat.

Quel est selon vous le plus grand défi  pour notre société?

Nous sommes très gâtés en Allemagne car nous avons toujours de l’électricité en quantité suffisante. Nous devrions nous faire à l’idée que cela ne sera peut-être pas toujours le cas, ce qui n’est pas chose aisée. Après tant de temps habitués au luxe de l’électricité, changer notre façon de faire et de penser est un véritable défi.