Interview | 17/01/2018
«Le principal levier est l’infrastructure de recharge rapide»
Entretien avec Prof. Dr. Stefan Bratzel
Prof. Dr. Stefan Bratzel explique dans l’interview le rôle déterminant de la mobilité électrique pour l’avenir des transports et la place des voitures électriques dans l’écosystème des services de mobilité et d’énergie.
Quelle place occupe la mobilité électrique dans l’avenir des moyens de transport?
La mobilité électrique va jouer un rôle déterminant dans l’évolution future des moyens de transport dans les métropoles du monde entier. Elle est liée à la vision à long terme du «zéro émission». L’absence d’émissions chez les voitures électriques, même provisoirement et localement, améliore la qualité de l’air dans de nombreuses villes. Du point de vue des émissions de CO₂, la mobilité électrique n’est cependant utile que si le courant est en grande partie produit avec des sources d’énergie renouvelables.
Où en est selon vous la mobilité électrique en Allemagne?
En comparaison avec le reste du monde, l’Allemagne se trouve à un stade intermédiaire de la mobilité électrique. Malgré des primes incitatives, la demande est encore très faible (0,75% du marché en 2016), même si l’on observe une légère reprise ces derniers mois. Cela s’explique par un problème encore non résolu et identifié il y a quelques années: le syndrome AIP de la mobilité électrique (Autonomie – Infrastructure – Prix).
Quels facteurs économiques et politiques influencent la mobilité électrique?
Dans des pays comme la Norvège ou la Chine, nous constatons qu’un environnement de régulation favorable aux voitures électriques stimule sans conteste la demande. La Chine affiche clairement ses objectifs politiques et économiques en matière de mobilité électrique et encourage massivement la technologie, précisément parce que c’est non seulement la solution aux problèmes de qualité de l’air dans ses villes, mais aussi un avantage économique pour son industrie automobile. Cela doit aussi être considéré en Allemagne comme une grande opportunité à saisir et à développer courageusement.
Quelles sont aujourd’hui les principales conditions techniques nécessaires au développement de la mobilité électrique?
Les principaux leviers pour permettre une hausse durable de la demande sont l’autonomie des véhicules et le développement d’une infrastructure qui
doit être envisagée comme un système. Si l’infrastructure de recharge rapide est dense et fiable, une grande autonomie n’est pas nécessaire. La question des voitures électriques en tant que véhicule principal se pose également. Le prix des batteries pour les véhicules électriques doit nettement diminuer. Selon nos estimations, le kilowattheure de capacité de batterie qui s’élève aujourd’hui à env. 200 EUR devrait chuter à env. 100 EUR d’ici le début des années 2020. Les voitures électriques pourront alors concurrencer les véhicules à combustion sur le plan du prix.
Concernant l’avenir: quelles évolutions générales et techniques prévoyez-vous dans la mobilité électrique au cours des prochaines années?
À l’avenir, les voitures électriques feront partie de l’écosystème des services de mobilité et d’énergie. Nous pourrons les recharger avec les cellules solaires installées sur le toit des maisons et leurs batteries serviront de réservoir intelligent pour le réseau énergétique. Nous aurons aussi des robots-taxis électriques connectés qui chercheront eux-mêmes leur station de recharge par induction selon la mobilité et l’énergie requises.